Tony Joe White - Tony Joe

Publié le par NedLabs

Sortie 1970

Swamp Rock ! Voilà une dénomination tout droit sortie de l’esprit malade d’un rock-critic où je ne m’y connais pas. Savoir si elle est née avant ou après le premier album de Tony Joe White, voilà toute la question. On peut en effet avoir toutes les réticences du monde face à ces tentatives de catégorisation un peu foireuse de la musique, Swamp Rock est un terme taillé pour Tony Joe White. Du sur mesure. C’est bien simple, si ce Rock est Swamp, l’ami Tony surfe sur la mangrove avec deux caïmans en guise de skis nautiques. Mais ce son alors ? Du bois humide, le clapotis de l’eau du bayou sur la barque. Des racines blues, bien sûr, mais fluidement enchevêtrées en un groove furieux. Et puis là derrière, imperceptible, ce clavier qui plane, installant l’oppressante atmosphère vaudou. Mais un album de Tony Joe White, c’est avant tout Tony Joe White lui même et cette voix démente, puissante et suave. Puissante comme Hendrix, suave comme Barry White, parfois les deux dans la même strophe. Et puis cette profondeur et ce phrasé de vieux bluesman noir… Si ce troisième album de TJW est celui qui a mes faveurs, c’est peut être parce que son premier titre, "Stud Spider" est l’archétype du genre. A ceux qui prétendent que Creedence Clearwater Revival a piqué tous ses plans au maître, on ne peut que rétorquer que Tony Joe White évolue dans une autre catégorie… Même si on ne sait plus trop laquelle tant la propension du bonhomme à passer d’un vieil air folk-blues à un brûlot soul-funk est grande. Et pourtant, la voix abrasive de Tony Joe White maintient tout ça en équilibre, avant de l’envoyer dans la stratosphère. Blues-funk échevelé sur "Stud Spider", "Conjure Women" ou "Save Your Sugar For Me", donc, ballades folkeuses inspirées avec "High Sheriff Of Calhoun Parrish" ou l’excellent "Widow Wimberly", dylanien en diable, mais sans la voix de caneton enrhumé. Et puis des titres plus immédiats comme "Groupy Girl", qui pour le coup sent le Creedence à plein nez, des réminiscences soul plus proches des titres des deux premiers albums ("What Does It Take…", "My Friend"). Mais tout ça finit bien sûr bien et en blues, avec un "Stockholm Blues" digne d’un Leadbelly, et la déflagration finale du "Boom Boom" de John Lee Hooker, dans une interprétation furieusement nonchalante, groovy et finalement magique. De quoi donner envie à tout un chacun de chausser ses bottes et de partir à la chasse à l’alligator…

Publié dans Albums incontournables

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