The Clash - The Clash

Publié le par NedLabs

clash-copie-1.jpgSortie 1977

Vous admettrez que pour un blog qui se permet de pasticher le titre d’un des albums piliers du Punk, la rubrique albums incontournables manquait cruellement de représentants du genre. Toutefois, après maintes réflexions, j’ai préféré (avec un malin plaisir) délayer l’arrivée de la chronique du fameux album fluo des Pistols dans ces lignes. Il sera donc question de Punk, mais un peu moins fluo, un peu moins sale et un peu moins crétin, puisque l’album à l’honneur aujourd’hui est le premier opus éponyme des Clash. Pardon, DU Clash, pour les intimes, les franglophones pointilleux et autres snobs patentés. 1977, donc, année charnière, après le dynamitage musical en règle de Nevermind the Bollocks. Plus rien ne sera jamais plus pareil. Cependant, si les Sex Pistols avaient ouvert la boîte de Pandore, tout cela manquait d’un fil conducteur, d’une base solide pour formaliser le mouvement. Les Clash apparaissent donc comme la caution intellectuelle et la conscience politique du Punk naissant. Pourtant, il n’y a guère que les journaleux des Inrocks pour encore comparer les textes de Joe Strummer aux écrits de Friedrich Engels… Mais qu’importe, cet esprit Working Class revendiqué les a fait passer à la postérité comme les théoriciens du genre, malgré des lyrics dont l’indigence rivalisa plus d’une fois avec celle des pires titres des Buzzcocks. Mais la puissance du groupe est ailleurs. The Clash est un album fantastique, car sans doute un des plus cohérents du groupe. A l’énergie brute et encore très rock n’ roll des Pistols, les Clash opposent un rock élastique qui s’acoquine volontiers avec les rythmes jamaïcains ("White Man In  Hammersmith Palais", "I Fought the Law", l’excellente reprise de "Police and Thieves"), sans pour autant renier des passages plus binaires ("White Riot", "London’s Burning"). Tous les titres prennent l’allure de manifestes envoyés à 200 à l’heure dans une ambiance d’émeutes et de sirènes de police, bref, de joyeux bordel et de (mal)saine agitation juvénile ("Hate & War", "Career Opportunities"). Le talent des Clash, c’est de parvenir à détourner les styles musicaux qu’ils empruntent pour y faire émerger le danger et la subversion. De la même manière que les Rolling Stones polluaient à leurs débuts les standards de Blues en y injectant leur mauvais esprit et leur dégoulinante concupiscence, les Clash parviennent par leur simple interprétation de "Police and Thieves" (guitares acérés et voix crétine), à faire pressentir le danger de la révolution Punk en marche, ce qui fait de cet album une oeuvre particulièrement dense, sur le fil du rasoir et dépourvue de temps morts. Emballez tout ça dans une pochette avec au recto une photo des gaillards affichant leur trogne la plus patibulaire, et au verso quelques Bobbies coursant des manifestants, et vous avez tout simplement l’un des cinq albums punks à posséder impérativement (pour ceux qui en doutaient encore)...

Publié dans Albums incontournables

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N
Bonjour,Nous lançons une grande consultation sur les meilleurs titres des années 1970. En tant que fan de musique, nous t'invitons à venir donner ton avis.
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N
Quelques petites perles quand même, Safe European Home en premier lieu... Mais c'est vrai qu'il y a moins de tubes accrocheurs et de titres qui sont passés à la postérité sur Give 'em que sur le premier.
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G
Ben le problème avec Give em... c'est que dessus, ca manque de tubes, d'hymnes... la t'as le White riot, I'm so bored... Police & Thieves... t'as que ca en fait, des hymnes!!
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N
Ouais, c'est du lourd! Plus lourd que London Calling à mon humble avis, dont la variété des styles est un peu la force et la faiblesse, et qui signe le début de la fin DU Clash. Ici, leur musique est encore très cohérente, comme sur Give 'em Enough Rope, qui est trop souvent sous-estimé. A+!Ned
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G
Aaahhh... quel album. Vraimet  un album de référence: fort et intelligent, revendicateur et puissant... la langue française manque d'adjectifs...Au passage je te remercie pour avoir mis à l'abri ma psychorigidité quant au nom DU Clash (distinction réclamée par Strummer himself!!)Et c'est vrai que Deezer abuse un peu sur la confusion...
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