Sex Pistols - Never Mind The Bollocks

Publié le par NedLabs

pist.jpgSortie 1977

Il fallait y passer. Ouais. Mais en plus, en évitant de sombrer dans les lieux communs. Pas évident. Exercice périlleux que de parler de Never Mind the Bollocks sans écrire "manifeste du punk", "déflagration", "un des deux ou trois tous meilleurs disques de rock", enfin tous ces trucs aussi bateau que vains. Non. Plutôt que d’empiler les banalités élogieuses, attaquons-nous plutôt aux arguments habituels des détracteurs de ce petit chef d’œuvre. Les chronologistes pointilleux aiment à avancer que NMTB n’a rien d’un album fondateur du genre: précédés par les Ramones, grillés au finish par les Damned, les Pistols ne peuvent en effet revendiquer la primauté du punk. Mais le punk n’est-il pas en tous les cas né avec les Stooges quelques huit années auparavant ? Les esprits chagrins aiment à répéter que les Sex Pistols ne sont qu’une vaste opération marketing du cynique Malcolm McLaren, de la rébellion en tube, du punk pour midinettes, vendu à une major. Mais a-t-on seulement retrouvé trace de textes plus extrêmes, sales et méchants à cette époque ? Est-ce qu’un autre groupe a déjà dédié un titre aussi tendre que "Liar" à son manager ? Est-ce que les Clash ont osé beugler "CBS" sur leur premier album ? Les trotskystes de service, théoriciens de la rébellion devant l’éternel, aiment à reprocher aux Sex Pistols le flou idéologique de leur message (Genre "Camarade, tu as l’air aux prises avec les problèmes de ta génération, pourquoi n’as tu pas déjà pensé à t’engager politiquement ?"). Mais bon sang ! Le punk est justement le constat d’échec des idéologies et du militantisme, la simple exposition crue d’une génération qui s’ennuie et qui ne veut plus rêver car elle sait que ses rêves seront récupérés et galvaudés. Et aucun autre groupe à part peut-être les Buzzcocks n’exprime aussi bien et sans complaisance la vacuité de l’existence dans cette année poisseuse de 1977 ("Bodies", "God Save the Queen", "Pretty Vacant", "Anarchy in the UK"). Le punk, c’est l’égocentrisme crétin et le culte du vicelard ("Holidays in the Sun", "No Feelings", "Sub-Mission"). Les musicologues acharnés aiment à critiquer le faible raffinement de la musique de Never Mind the Bollocks. Pourtant, on ne remerciera jamais assez Steve Jones de nous avoir cisaillé ces riffs parmi les plus efficaces de l’histoire du Rock (again, "Pretty Vacant") avec un sens inouï du solo de 3 notes et 7 secondes qui dépote à mort (again, "Anarchy in the UK"). Enfin, les Sex Pistols en tant que tel ont eu l’élégance de disparaitre avant de devenir un groupe ringard, expérimental ou arty, le tout dans la discrétion (si on excepte les tribulations de l’hilarant Sid Vicious, qui, rappelons le, ne joue selon les plus optimistes que trois notes sur l’album, le bassiste originel étant Glen Matlock). Si vous n’êtes ni chagrin, ni trotskyste, ni obsessionnel, cet article n’avait donc aucun intérêt pour vous car vous êtes déjà acquis à la cause. Dans le cas contraire, Get Pissed !

Publié dans Albums incontournables

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N
Je suis d'accord que la chronologie n'a pas beaucoup d'importance dans cette histoire, mais Black Flag s'inscrit déjà pour moi dans une autre mouvance. Le punk briton est moins extrême, c'est sûr, voire carrément plus pop que son collègue ricain, mais il a cet aspect rigolard, gouailleur et sale qui le rend pour moi plus attachant... Et Nevermind The Bollocks a quelque chose d'universel du point de vue du Punk. Mais par contre, je suis assez d'accord avec toi sur Sgt Pepper's! A+!Ned
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S
Tant pis je vais passer pour le rabat-joie de service mais je trouve que "Nevermind the bollocks" est un des deux disques les plus sur-estimés de l'histoire du rock (puisque j'en suis à me faire des ennemis, l'autre c'est "Sgt Pepper"). Pas mauvais, mais quand même... Pas assez jusqu'au-bouttiste musicalement par rapport aux premiers EP de Black Flag sortis en 1978. On me répondra que ceux-là étaient en retard, que le punk était un sprint. Bizarre d'accorder autant d'importance à la chronologie de disques sortis à quelques mois d'intervalle, puisque les Stooges avaient commencé le prétendu sprint... 7 ans plus tôt.Mais ça reste un excellent disque, au moins pour des titres comme "Submission" ou "Liar", et la chronique est très bonne!
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N
J'ai vu ta chronique sur Sefronia, tu ne t'es pas vraiment cassé les dents, c'est du très bon! C'est vrai que cet album est un glaviot à la face des bien-pensants, des beatnicks et des bourgeois. Une bonne grosse pantalonnade musicale qui évacue toutes les rancoeurs d'une jeunesse désabusée. Ce qu'aurait toujours dû être le punk quoi...Sinon, j'ai aussi une tendresse particulière pour Sub-Mission et son solo de pets bucaux, du plus bel effet...Ned
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C
ah, les Pistols... je suis content de voir comme tu as réussi à gérer cette chronique, moi je m'étais cassé les dents dessus il y a pas mal de temps. Que c'est dur d'essqyaer d'expliquer le punk.sinon, l'album... je suis toujours surpris de voir comment ces quatre petits crétins ont réussi à faire d'aussi bons morceaux ("Sub-mission" - ma ptite chouchoutte).  Malgré toutes les tendances relativisantes dont on parle ici et là, et dans ces commentaires aussi d'ailleurs, je persiste à penser que cet album est, sinon le meilleur disque punk, du moins l'un des tous melleurs.
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N
Tout juste, GT. Nevermind The Bollocks réalise l'équilibre parfait entre la rage punk et l'accroche rock, la déconne et le nihilisme... Cela dit je réitère, les Buzzcocks ont également fait du très bon à cette époque. A+!Ned
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